C’est ce lundi soir minuit que prend officiellement fin le mandat présidentiel de Joseph Kabila. Et comme le souligne le site d’information congolais DirectCD, « la tension monte dans le pays. L’opposition, qui réclame le départ de Kabila, promet de descendre dans la rue. Les autorités ont déployé l’armée et la police pour contrer ce mouvement. »
Dès hier soir, un journaliste de DirectCD a d’ailleurs été témoin d’une rafle de jeunes gens dans l’Est de la capitale congolaise. Et plusieurs autres sont rapportées.
Qui plus est, les autorités congolaises ont donné ordre aux opérateurs de couper l’accès à tous les réseaux sociaux d’internet. Rappelons aussi que la diffusion de RFI et de Radio Okapi est coupée ou brouillée… Alors que va-t-il se passer ce lundi en RDC ?
« L’opposant Martin Fayulu du MLC, cité par Le Point Afrique, n’est pas très optimiste. Il cite l’article 64 de la Constitution : “tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution”. Alors, prend-on le risque du chaos ?, demande Le Point Afrique. “C’est eux qui le prennent, répond l’opposant. Mardi, Joseph Kabila ne sera plus reconnu, ni par le peuple congolais ni par la communauté internationale”. Le chaos, donc ? “C’est possible”, répond pour sa part Félix Tshisekedi, autre opposant. »
Et Le Point Afrique de conclure : « en ville, les forces de sécurité sont de plus en plus visibles, les contrôles de plus en plus fréquents. La voie légale pour résoudre la crise a échoué, Kinshasa retient son souffle. »
L’opposition a décidé… de ne rien décider
Le chaos ce lundi en RDC ? C’est peu probable, estime pour sa part Afrikarabia… Afrikarabia qui relève que « la plateforme de l’opposition n’a pas officiellement appelé les Congolais à descendre dans la rue et qu’aucune manifestation n’a été programmée. Deux raisons à cela, précise le site d’information sur la RD Congo. Tout d’abord pour une question d’image, l’opposition n’a pas intérêt à apparaître comme celle qui souffle sur les braises, notamment aux yeux de la communauté internationale qui surveille la situation en RDC comme le lait sur le feu. Ensuite pour une question de stratégie de mobilisation. Les deux dernières manifestations interdites par les autorités n’ont pas été suivies par la population. Par peur de la répression, mais aussi par lassitude. Pour ce 19 décembre, constate Afrikarabia, l’opposition a donc décidé… de ne rien décider. A l’image de l’opposant Félix Tshisekedi, qui a lancé après l’échec des négociations de samedi : “Peuple congolais, la balle est dans ton camp”. Au mieux, conclut le site, la population descendra dans la rue, au pire, cette journée se transformera en ville morte. L’essentiel pour l’opposition étant de ne pas perdre la face. D’autant que les occasions de se mobiliser ne vont pas manquer à l’avenir. »
« Que se passera-t-il en RD Congo aujourd’hui et les prochains jours, s’interroge également le quotidien Aujourd’hui au Burkina ? Nul ne peut y répondre. Le seul mince espoir reste, ce rendez-vous d’après-demain, la reprise du dialogue sous l’égide des évêques et dans ce pays, où 80 % de la population est chrétienne, s’il advenait que la sagesse divine visitait les protagonistes de la crise, on pourrait espérer un répit et une solution. Dans le cas contraire, c’est-à-dire, si chacun des camps reste arc-bouté à sa position matricielle et maximaliste, la seule guerre que les Congolais pourraient mener sera civile », soupire Aujourd’hui.
Le chat et la souris
Le Pays, également à Ouaga, n’est pas très optimiste non plus : « certaines indiscrétions font état de la mise en place d’un Conseil national de transition, pointe le quotidien burkinabé, organe que pourrait diriger le leader de l’opposition, Etienne Tshisekedi. En contrepartie, le président Joseph Kabila resterait à son poste le temps de la transition, sans possibilité de solliciter un troisième mandat. Si par extraordinaire, le dialogue politique venait à accoucher d’un tel attelage, l’on pourrait parier qu’il fera long feu, soupire le journal, puisque cela s’apparenterait à faire cohabiter sous le même toit le chat et la souris. »
Et Le Pays de conclure : « Joseph Kabila gagnerait à méditer ce riche enseignement de Modibo Keïta : “On peut tromper une partie du peuple une partie du temps. Mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps”. »
A la Une: le jour le plus long en RDC
Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Norbert Navarro. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.