La vie est bien meilleure pour ceux qui possèdent un ou plusieurs ânes à Birao. Cet animal est synonyme de grande richesse pour les habitants de cette ville située au nord-est de la Centrafrique où 80% de la population a des ânes. En plus d’être au cœur du fonctionnement des fermes et entreprises familiales, ils sont d’excellents animaux de compagnie. De notre correspondant de retour de Birao Lorsqu’un âne brait, c’est qu’il a soif. Mais dans cette région désertique, il doit encore parcourir 15 km pour se désaltérer en ville. Indifférent au sable dans lequel ses sabots s’enfoncent, le corps tendu et le regard féroce, un âne rencontré sur notre chemin a déjà parcouru 10 km sans se reposer.Il transporte sur son dos un sac de manioc, des fagots, des régimes de banane, un bidon d’huile de palme et un petit garçon de 9 ans qui ne peut pas parcourir cette distance à pied. Une charge estimée à 500 kg selon Brice, son propriétaire.« J’ai acheté mes deux ânes à 50 et 60 000 francs CFA (entre 70 et 95 euros). Depuis cinq ans, ils m’aident à puiser de l’eau, à transporter mes récoltes ainsi que les membres de ma famille lorsqu’ils partent en voyage. Ils sont résistants et rarement fatigués. »« Sans lui, je ne peux rien faire »Ici, au pied de la colline de Golgota à l’entrée de Birao, nous croisons un âne qui refuse de bouger. Il est attelé à un chariot lourdement chargé et il porte deux personnes sur son dos, dont Abigaëlle.« Ça fait dix ans que j’ai acheté cet âne et je connais ses caprices. S’il ne veut pas avancer, je lui donne quelques coups de bâton et il repart. Il transporte nos récoltes et il nous transporte aussi. Sans lui, je ne peux rien faire. »À écouter aussiL’âne, au service de l’humanité depuis 7 000 ansLes ânes, cible d’un réseau de braconniersSous le soleil ou en temps de pluie, dans les champs ou dans les rues de Birao, l’âne est aussi le premier animal de compagnie à Birao. La tradition interdit d’ailleurs sa consommation.« À Birao, l’âne est très important pour les populations pauvres. À l’origine, nos parents achetaient les ânes au Soudan », rappelle Martin Djamouss, un chef coutumier. « Si tu le soignes et qu’il mange bien, il peut vivre au-delà de dix ans. Il mange le mile, l’arachide, le haricot ou encore les herbes. S’il meurt, on l’enterre dignement. Ici, on ne mange jamais les ânes. »Selon une étude de la préfecture de Birao, 80 % des habitants possèdent un ou deux ânes. Mais avec le conflit au Soudan, les ânes sont devenus la cible d’un réseau de braconniers.À lire aussiLes ânes menacés d’extinction au Kenya
Centrafrique: l’âne, une richesse inestimable pour les habitants de Birao (3/3)
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