Éthiopie: la population locale s’implique dans la préservation des églises de Lalibela

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Lalibela, petite ville de 25 000 habitants située à 680 km au nord d’Addis-Abeba, au cœur des hauts plateaux, abrite un joyau du patrimoine mondial : onze églises taillées dans la roche au XIIIᵉ siècle, que la France veut aider à préserver grâce au projet « Sustainable Lalibela ». Le projet a été suspendu pendant la guerre et la prise de la ville par le Front de Libération du Tigré pendant cinq mois en 2021. Depuis, les travaux ont repris en impliquant et formant la population locale. De notre correspondante à Addis-Abeba, Clotilde HazardPrès deux ans de guerre, les échafaudages ont repris leur place autour des églises monolithes de Lalibela. Il y a urgence, ces monuments façonnés dans une pierre poreuse, sont vulnérables aux infiltrations d’eau et menacent de s’écrouler. Ambachew est tailleur de pierre, il s’occupe des travaux de réparation. « Il y avait un espace qui s’était ouvert alors, on l’a rebouché. Après l’avoir bien nettoyé, on l’a reconstruit avec des pierres. On a dû le couvrir de mortier et le lisser. On essaye toujours d’avoir le même résultat que l’ancien. Comme vous pouvez le voir, il y avait beaucoup de fissures et on les a réparées. »Ambachew a aussi participé à la construction de trois ponts en pierre et des contreforts pour valoriser le site. Il fait partie des 32 artisans formés dans le cadre du projet financé par la France. Cette coopération franco-éthiopienne a pour but la conservation et la restauration de ce lieu de pélérinage chers aux orthodoxes, grâce à un budget de plus de cinq millions d’euros. Antoine Garric, tailleur de pierre en charge de la formation, enseigne de nouvelles techniques à ses élèves dont la sculpture de détail pour orner les ponts en pierre : « Ça reste de la taille de pierre, car tout est géométrique. C’est la première fois qu’il fait ça. On est parti d’un dessin, c’est un relevé d’une des fenêtres des églises. Il a tout fait, découper le gabarit, le poser sur la pierre, le tracer, et ensuite le tailler », détaille Antoine Garric également chargé du programme d’intervention d’urgence.Transmettre aux générations futuresDes centaines d’habitants travaillent sur le chantier pour effectuer la manutention des pierres. Après l’épidémie de Covid et la guerre, ces emplois sont bienvenus dans la ville en crise comme nous explique Dereb Mantesenut, qui habite à Lalibela : « Le travail est bien, j’espère que ça va continuer, car beaucoup de personnes n’ont pas de travail ici. J’espère qu’elles auront aussi la chance de travailler avec nous. »Pour Kidanemariam Woldegiorgis, responsable du projet, le but est de donner aux habitants les moyens de gérer leur patrimoine de manière autonome : « Nous avons formé plus de 130 personnes à la conservation des manuscrits, comment les préserver, les restaurer, les digitaliser et les transmettre aux générations futures. »Tous les manuscrits vont être archivés dans un nouveau centre de ressources numériques. À terme, les habitants pourront ainsi prendre soin de leur héritage religieux encore bien vivant.Pour en savoir plus sustanable Lalibela