Le 6 mai 1937, sur un aéroport près de New York, une étincelle met le feu aux 190 000 m3 d’hydrogène que refermait le zeppelin Hindenburg. En 34 secondes, ce dirigeable à usage commercial, dont l’Allemagne nazie à l’époque vantait les performances et la fiabilité, s’embrase entièrement…
La catastrophe fera 35 victimes et marqua les esprits, en jetant le discrédit sur la technologie des plus légers que l’air. Les aérostats qui ont substitué l’hydrogène facile à produire, bon marché, mais hautement inflammable, par de l’hélium, gaz rare et onéreux complètement inerte, connaîtront le même désintérêt. Par ailleurs, les zeppelins seront bientôt détrônés à la sortie de la Seconde Guerre mondiale par l’aviation qui a connu des progrès fulgurants. Mais pourquoi ne pas marier le meilleur des deux technologies qui ont forgé l’histoire de l’aéronautique ? Ont imaginé les chercheurs et ingénieurs écossais de l’Université des Highlands et des îles, pour développer un appareil hybride.
Phoenix, ainsi dénommé par ses concepteurs, est un avion plus lourd que l’air, mais aussi un dirigeable, qui a la capacité de pouvoir flotter dans l’atmosphère, selon le principe de la poussée d’Archimède. Pour basculer entre le lourd et le léger, le double fuselage de l’appareil contient de l’hélium pour s’élever comme le font les ballons d’observation ou météo. Un système de compresseurs aspire l’air extérieur pour alourdir l’engin afin de prendre alors une configuration de planeur. « La transition répétée entre ces deux états constitue, par ailleurs, l’unique source de sa propulsion », précisent les chercheurs écossais.
Cette alternance de poids lui permet de voler indéfiniment et en ondulant dans les nuées, comme le réalisent certains animaux aquatiques quand ils se déplacent dans l’eau. L’équipe a travaillé trois ans sur ce projet pour développer un prototype de 15 mètres de long et d’environ 11 mètres d’envergure. Les ailes et la queue de l’appareil sont en fibres de carbone recouvertes de panneaux solaires pour recharger ses batteries et activer les compresseurs. Il a effectué un 1er vol d’essai sur 120 mètres à Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, ce qui a validé le concept. L’objectif des ingénieurs est de réaliser des appareils capables d’atteindre les 20 Km d’altitude. Déployés comme quasi-satellites de télécommunications, ils constitueraient une sérieuse alternative aux solutions spatiales, hors de prix, imaginées par les géants de la high-tech afin de connecter à moindres coûts des régions du monde, toujours exclues des bienfaits de la Toile.
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